Présentation des personnages

Tous les villageois étaient présents sur la place de Caer Nemeton, petite ville forte située sur la route romaine de la fosse strata, entre Caer Ceri et Caer Badan. Ce soir, comme il était de coutume depuis plusieurs générations, la première aventure des compagnons du roi Dragon allait être conté aux plus jeunes. Bien qu’ils aient entendus cette histoire maintes et maintes fois, même les plus âgés se turent lorsque le vieux Luydd, doyen du village, s’installa sur l’estrade.
Le vieil homme se cala confortablement dans son siège en osier, une peau d’ours garantissant ses vieux os de la fraîcheur de ce mois d’octobre. Il embrassa l’assemblée du regard, heureux de voir les nombreux visages juvéniles qui le dévoraient des yeux, attentifs. C’était grâce à Arthur Pendraeg, haut-roi des brythoned, et à ses courageux compagnons que le village avait prospéré.
A cette époque, il y a plus de cinquante ans, la colline où siège aujourd’hui la ville était appelé Gwyntynged, la colline maudite, et Caer Nemeton n’existait pas encore. La ville comptait moins d’une dizaine de maison, et ses habitants vivaient dans la crainte des bandits et des maléfices de la colline. Mais l’arrivée de sauveurs, futurs membres émérites du teulu d’Arthur, libéra la colline de ses maléfices et permit à la ville de prospérer.
Bien entendu, à cette époque, vu la taille réduite du village, ces héros d’un autre temps ne s’y sont sûrement pas arrêtés. Il est même probable qu’ils n’aient même pas eut vent de ce minuscule hameau d’éleveur de mouton, mais les habitants de Caer Nemeton étaient fier que leur ville ait été le théâtre de leur première aventure. Depuis qu’ils s’étaient installés en haut de Gwyntynged, le 14 octobre était jour de fête, et le soir venu, l’histoire de ces sauveurs était conté.
Voyant que son public s’impatientait, Luydd s’arracha à ses rêveries et se lança dans son récit …
La nuit du 14 octobre, lors de la 28ème année du règne d’Emrys Wledig au Conseil de Bretagne, les maléfices de Gwyntynged faisaient encore rage. Au cours des siècles, lors de cette période précédant la fête de Samain, de nombreuses personne de passage disparaissaient mystérieusement sans laisser de trace.
C’est ainsi que fut réunis trois guerriers promis à un destin exceptionnel au côté d’Arthur.

Le premier, Thragg de la tribu Montain, venait d’Ar Y Mor, terre d’accueil des bretons chassés d’Ynys Prydhein par l’invasion saxonne. Possédant le sang des anciens, il maîtrisait l’awen bien qu’il n’ait pas suivis les enseignements des druides à Ynys Mon.
C’est d’ailleurs ce don qui le poussa vers le commerce et une vie bien peu casanière. Pour les chrétiens, les awennyddion étaient le fruit d’un accouplement entre un mortel et un démon. Généralement, sorciers, druides et autres magiciens ne faisaient pas long feu en terre chrétienne de peur de finir lapidés ou pire.
Les tenants de l’ancienne religion, quant à eux, n’appréciaient guère les magiciens qui n’avaient pas suivis leur enseignement auprès des druides. Pour eux, ces sorciers ne maîtrisaient pas leur pouvoir, et, quand c’était le cas, c’était forcément pour faire le mal.
Sa vie d’errance, de marché en marché, lui permettait de vivre dans une certaine sécurité. De plus, il lui arrivait parfois de lancer un charme sur un client pour faire plus de profit. Il valait mieux ne plus être sur place, une fois que cela se savait …

Le deuxième était Gorgorydd, jeune homme originaire d’un clan disparu de l’Elmet en Hen Ogledd. Dépité des luttes intestine entre les rois et les clans brythoned, il espérait faire tâter les Saxons ou les pirates scots de sa hache.
Dans l’absolu, il espérait entrer dans le teulu d’Emrys Wladig, roi du Powys et haut-roi du conseil de Bretagne. Un homme de cette envergure, malgré son grand âge, aurait de bonne chance de fédérer les royaumes et les clans bretons et de repousser les envahisseurs d’Eiriu et de Germanie.

En dernier venait Gwendur de Caer Duell, un autre valeureux guerrier du Vieux Nord. Gwendur était un chef de guerre du teulu de Meirchion le Long, régent du Rheged jusqu’à la mort de son père : Cwrast le Loqueteux.
Mais les talents de Gwendur ne s’arrêtait pas à mener des hommes ou à combattre, l’épée à la main. Le chef de guerre était aussi un awenyddion, un magicien. Ce don atypique chez un homme de guerre en avait fait un homme de confiance du régent du Rheged, lui attirant sympathie et animosité au sein de la cour royale.
Au vu de la confiance que portait Meirchion au jeune homme, Cwrast a décidé de lui confier une mission d’ambassade auprès des rois du sud. On ne sait pas trop si le vieux monarque veut tester le chef de guerre, ou bien s’il veut tout simplement l’écarter de la cour, mais quoi qu’il en soit, Gwendur avait bien l’attention de ne pas échouer.
Luydd s’interrompit quelques secondes, le temps de se désaltérer avec une gorgée de cidre du Dyfneint qu’on lui avait apporté. Sa vieille gorge se desséchait de plus en plus vite l’âge allant. Il y a quelques années à peine, il n’aurait pas eut besoin de faire une pause dès le début de son récit. Qu’il est dur de vieillir, se dit-il en repensant à sa jeunesse.
Mais il s’arracha rapidement à ses rêveries. Vu le silence de son auditoire, ils attendaient impatiemment la suite de son récit.